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mise en page par Génie

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Dernière cigarette

La voilà. C’est elle. La dernière cigarette. Du moins je le désire. Je regarde le mégot, organe marron, je le presse entre mes doigts, forcément sale, le goudron dans le filtre, le tabac noirci à l’autre extrémité. En regardant ce dernier mégot écrasé dans la terre, à ma droite, au pied du banc, je repense à mon tout premier mégot. Déjà alors j’avais pressenti ce qui m’attendait. Alors, dans la nuit, j’avais déjà comme lisible face à moi, ces années de dépendance à venir, déjà je savais qu’il me faudrait lutter pour que la cigarette ne devienne pas cette habitude qui vient s’immiscer dans chaque interstice du temps, ces pauses à la machine à café, cet instant après l’amour, ces attentes sur les quais de gares, la réponse à mes tremblements lorsque le doute survient, naît du regard trouble de la femme qui va quitter, le rire moqueur d’un individu fraîchement rencontré… Déjà je sentais que lorsqu’une réponse tarderait à venir, l’ennui s’installerait, ou bien le temps de la détente surviendrait, j’aurai cette envie malsaine de porter une cigarette à ma bouche, puis l’allumer dans la flamme du briquet.

 

Je ne voulais pas de cela. Comme tant d’autres certainement. Je ne voulais pas. Je voyais l’addition, droite, claire, face à moi, je savais que je devais tout faire pour m’en garder, mais je savais également déjà que je ne ferais rien pour m’en préserver. Oui je savais ce qui surviendrait, l’argent qui brûle, la perte du respect de soit, les regards en biais des non-fumeurs dérangés par ma fumée, les mauvaises odeurs dans la chambre, dans les cheveux, sur la peau, qui prend tout le corps, les vêtements et les draps. J’allais devenir comme tant d’autres, un nid à mauvaises odeurs, je pouvais encore dire non, tout arrêter, mais j’ignorais toute menace, je disais oui, pariant sur des jours meilleurs où il serait possible d’arrêter. En attendant j’avançais pieds et poings liés.

 

Les jours meilleurs vinrent, radieux, parfois même me trouvaient-ils glorieux ou amoureux. Quelques fois je réussis à arrêter de fumer pour de courtes périodes n’excédant jamais plus de quelques semaines, quelques mois dans les meilleurs des mondes. Mais ne renonçant pas vraiment.

 

Mais la boucle n’était pas encore bouclée semblait-il. Il fallait ce mégot, un jour, le dernier, celui qui étrangement rappelle le premier, ce premier où je dis « oui je continue » au lieu de « non, j’arrête tout de suite avant que n’arrive la dépendance et les odeurs… et que ne survienne le pire ». Premier mégot crade et dégueulasse, mes poumons tout frais, un dernier mégot, le renvoie profond et sincère au premier, et cette réponse qui a tant tardé et arrive enfin : « Non ».

 

Comme la fin d’un mauvais cauchemar.

 

 

 

Ecrit par Wandess, le Dimanche 1 Février 2004, 15:51 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".


Commentaires :

  Dess
02-02-04
à 04:23

Sage décision ;)

  bonjour1
24-02-04
à 21:39

Dis

Comment ça se fait que ça n'a pas marché finalement ? Moi j'essaye d'ârrêter là, c'est très dure, ça fait un mois et c'est plus dur chaque jour !!

Ca m'intéresse de savoir pourquoi tu refumes.

Victoria