"Au printemps de ma vie
Je quitte mon père
La ville attend
Les petits rats des champs.
Une jolie fermière
Me dit : "Où vas-tu ?"
"Monte derrière
Avec les laitues"
Les pieds dans le ciel
Chez les hirondelles
Nous filons doux
Et la route est à nous.
"Petit, la vie est belle à l'école buissonnière
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
Les prés verts, quel âge as-tu toi ?"
Au petit matin
Nous voilà en ville
J'ai déjà faim
Comme un crocodile
J'ai beau demander
Un café au lait
On n'me donne rien
Même un morceau de pain.
La campagne se prête à tout mais la ville pas du tout
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
J'suis pas un voleur
Mais comment me nourrir
Je marche des heures
J'sais pas où dormir
A la fontaine
J'ai bu l'eau fraîche,
J'ai pêché l'amour
Ça ne mord pas tous les jours.
Mais ce jour-là
Il y en avait pour moi, oui
La femme de ma vie
Avait soif aussi.
"Amour, la vie est belle dans tes bras de velours,
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
Les prés sont verts, comment vas-tu toi ? "
J'ai trouvé une place
Au piano dans un bar
Le Miami Palace
Tout près de la gare
Tous les samedis soirs
Il y a des bagarres
Je chante mes histoires
Des trucs un peu noirs.
"Amour, je rentre tard mais demain c'est dimanche,
Nous irons danser au bal des oiseaux près de la rivière
Près de l'eau ...""
Thomas Fersen, in Le bal des oiseaux, 1993
Souvenir lointain que cette chanson. J’étais en première je crois. Première rencontre avec une des chansons de Thomas Fersen… Sur France Inter je crois. Un dimanche il me semble. Une envie folle de trouver le bal des oiseaux ensuite, d’aller danser en noir et blanc, de manger de la salade verte, boire l’eau des fontaines, boire du café après une nuit difficile… de l’eau fraîche. Pêcher l’amour, cet amour qui ne mord pas tous les jours. Je suis très mal coiffé. Je sais à peine écrire. A peine parler. J’en suis à apprendre. Vais aux cours de Français pour cela. Mon esprit cartésien s’en prend un coup. Je veux rêver. En mathématique je décroche, plus de place pour tout cela. Un virage vers les livres que je n’ai pas encore lu. Et il y en a beaucoup….Tant mieux je ne compte pas m’arrêter ce jour là. J’irai près de la rivière lire peinard, loin des bouquins de cours, loin de ces écrans.
En rentrant, sur le chemin, je m’arrête à la boulangerie. Rituel. Acheter et dévorer un pain au chocolat. Faire sa fête à un pain aux raisins. Regarder les gens tout autour. Sourire à la boulangère qui a du être très jolie. A la libraire qui rougit lorsque je la regarde.
Thomas Fersen m’emmène au bal des oiseaux un début de printemps… Et je sors enfin de chez moi. Enfin de ces musiques que tout le monde écoute. Thomas me sort de chez moi. Comme ma prof de Français me sort de ce chemin tout tracé.