Elle est belle. J’ai eu de la chance ce soir. J’ai été moins con ce soir que les autres. Un cœur soudainement éveillé. C’est elle. Elle contre moi. Ces draps très anciens, comme ce banc plusieurs heures avant. Mais elle, sans trop d’histoire, un souffle de jeune fille près de mon oreille. Un mélange de faim pour son visage, sa grâce, et son corps. Les mots fleurissent sans peine au bout de ses lèvres rouges lorsqu’elle cherche à m’en caresser. Lorsqu’elle dort, je suis loin des mots sublimes de son stylo, je suis plein d’espoir, je suis maintenant, près de son silence. Près de son sommeil. Près de ses pieds. Je frôle ses talons tout doucement en espérant la réveiller. Puis j’oublie. Je ne veux pas la brutaliser. Je ne veux pas la déranger, même si je sais que je devrai bientôt la voir partir. J’aimerai ne jamais lui faire de mal. C’est pour cela que je la laisserai partir. C’est pour cela que je la regretterai. C’est pour cela que je ne lui dirai pas tout cela. Peut-être aussi, un peu, pour me préserver de sa beauté, de la muse qu’elle pourrai être, du Pygmalion que je me rêverai. De la Pygmalionne qu’elle serait… Anna.
"Anna j'ai la frousse, je ne veux plus être sans toi". Je ne te le dirai pas.
Je l’observe en me disant que je ne la reverrai peut-être jamais. Je me mens. Je joue l’homme. Pour m’aider à la voir partir dans cette ville froide. Soudainement je hais la Loire, je hais le général de Gaulle, je hais cette ville qui me la reprend, et cette autre encore plus loin qui t'emporte, qui t’avale, ces trains, ces avions, ou ces modules interstellaires qui t'emmènent. Le chaos me frôle. Je suis pris dans tes filets Anna. La porte s’est refermée. Je reste prostré contre elle. Tu dois être derrière elle. L’ascenseur t’emmène vers ta ville maudite et en chantier. Je me répète que je ne suis qu’éraflé. Que ma vie peut redevenir la même. Mais je n’y crois pas Anna. D'ailleurs je ne veux pas.
Un carillon à la porte. Ouvrir ? Ne pas ouvrir ? Quelle personne être pour t’ouvrir ? Dis moi par hasard si ton cœur a déjà séché ? Si tu entends le mien ? Il se peut qu'il s'agisse de la dernière croisée… Etre ou ne pas être ? Etre celui que je rêve ? Etre celui qui doute ? Te laisser repartir une nouvelle fois… Mes bras, mon cœur en tombe à plat. Je ne t’ai pas mérité tant que cela. A la prochaine peut-être Anna… Sinon adieu.
Les hommes ne devraient jamais freiner. Tu as raison. L’ennui déjà me rattrape.
A Anna.
En remerciant Blankass pour :
Ses sublimes chansons
Ses concerts plein de simplicité…
La joie que vous m’avez donné.
Tout simplement.
sept. 2003..........
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Lou_
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Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous ont fait reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis.
La guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres.
Londres, 18 juin 1940
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à 22:21