Lorsque la première guerre mondiale s’acheva, l’Europe compris le poids d’une guerre sur son économie, sa démographie mais aussi, et surtout, sa conscience morale. Dix-huit millions de morts tombèrent durant la Grande Guerre, sans compter les mutilés, les veuves et les orphelins. Les sites des champs de bataille où les armes enfoncèrent profondément leurs empreintes sur le sol couvert d’être humains agonisants.
1939-1945, malgré les efforts, les premiers mouvements pacifistes, c’est de nouveau l’hécatombe, plus violente encore, plus traumatisante. La seconde guerre mondiale s’achève par Nagasaki, l’Humanité en sort dégoûtée d’elle-même, Albert Camus parle des « tréfonds de l’horreur. » L’Europe est ravagée, le Japon et la Chine sortent d’un conflit qui les aura opposé dix ans et aura coûté la vie à des millions des leurs.
Dès lors considérant ces faits, le militarisme et l’impérialisme européen sortent profondément affectés et, en l’affaire d’une génération, cèdent la place à un pacifisme qui ne cessera de prendre de l’ampleur.
Aujourd’hui, alors que nous entrons dans un nouveau millénaire, il convient de se poser des questions sur ce mouvement, sa légitimité, son réalisme, son idéologie. Mouvement qui, dans un premier temps, parait effectivement comme une preuve de maturité chez l’Homme qui cesse de prendre les armes pour un moindre sujet. Cependant, dans un deuxième temps, il faudra constater que ce mouvement, comme toute idéologie qui se respecte, connaît des dérives, des extrémismes qui risquent, à terme, de le décrédibiliser.
Le pacifisme est né du rejet de la tuerie réciproque entre les Hommes. Il constitue en soi un mouvement prônant la maturité de l’Homme. Tout comme une mère réprimandera ses enfants qui se battent entre eux, car incapables de négocier, préfèrent utiliser les poings : Il s’agit effectivement d’un moyen d’action facile et le gagnant n’aura pas à se plier à tout compromis. Le mouvement pacifiste, né des cendres de la Guerre, cherche à faire prendre conscience aux Hommes de l’immaturité qui est la base d’un conflit armé.
L’immaturité, effectivement, fait naître la guerre. Tout comme Louis Napoléon Bonaparte se vit contraint par l’Assemblée Nationale de déclarer la guerre à la Prusse qui avait « insulté la France. » Certes, attitude fort peu courtoise de leur part mais, néanmoins, fort peu justifiable raison pour engager un conflit armé qui, au passage, valut le désastre de Sedan à la France.
La guerre de Corée de 1950 à 1953 opposa la Corée du Nord, soutenue par la Chine, à la Corée du Sud, soutenue par l’ONU. Cette guerre fit des centaines de milliers de morts et n’aboutit, en fin de compte, qu’à un statut quo. Des milliers d’âmes tombèrent pour rien, hormis un magnifique tableau de Picasso… Doutons que même un tableau aussi magnifique ne mérite pas un tel prix.
La guerre a des conséquences fâcheuses, et ceci est un euphémisme. Elle conduit à ruiner les économies des pays belligérants, obligés de mettre à l’œuvre leurs forces de travail, soi au combat, soi à la production d’armement. Après deux guerres mondiales, l’Europe qui dominait le monde, s’est vu ruinée, couverte de dettes envers les Etats-Unis, nouvelle puissance mondiale.
Les conséquences au niveau matériel ne sont guère plus encourageantes : Les bombardements, les combats, les actes de résistance… Conduisent généralement à laisser derrière soi un ou des pays ravagés, où voix de communications et transports sont coupées, des Etats plongés en pleine anarchie, des citoyens terrorisés livrés à eux-mêmes dans un pays en ruines.
Mais là où les conséquences de la guerre atteignent un niveau effroyable, est celui du bilan humain. Presque chacun a sur son arbre généalogique un membre de sa famille mort au combat. Chacun se souvient des mutilés, des cimetières sans fin, chacun peut voir les monuments aux morts.
A l’évidence, la guerre n’apparaît certes pas comme une solution raisonnable pour l’Homme civilisé (ou supposé comme tel). Et il est évident que la solution préférable est sans nul doute le dialogue, la négociation… Pour épargner tant de malheurs et de misère.
Cependant, le pacifisme, doctrine qui, au départ, visait juste à faire prendre conscience de l’immoralité des guerres, a connu depuis une dérive, que l’on pourrait presque qualifier de lâche. L’on l’a vu, nombreux était l’anti-guerre en Irak, tous prônaient le dialogue et appelaient à sauver le peuple irakien des attaques américaines.
Avant de débattre sur la guerre en Irak, concentrons-nous sur les faiblesses du pacifisme. Nous le savons, l’idéalisme du pacifisme est né de l’après-guerre, pus personne ne souhaitant alors voir une nouvelle guerre, étant prêt à tout pour cela. Cependant, les dérives de cet idéal, ont conduit à nombres de lâchetés.
Le 29 septembre 1938 sont signés les accords de Munich qui abandonnent la Tchécoslovaquisme à l’Allemagne Nazie hitlérienne. En France et en Angleterre, c’est le soulagement : la paix est sauvé, il était en effet hors de question de voir ressurgir le Grande Guerre. Le socialiste Léon Blum qualifiera cela de « lâche soulagement. Effectivement, ce fut une fort pleutre attitude qui, de toutes façons, n’empêcha pas la guerre car, face à un dictateur, il est évident que, dès que l’on place le doigt dans l’engrenage, on y laisse le bras… Si ce n’est plus encore.
De même, en 1991, l’Irak de Saddam Hussein envahie le Koweït. Les forces de l’ONU interviennent et repoussent les armées envahissantes. Naît alors un conflit chez les alliés entre les partisans de l’attaque contre l’Irak et les pacifistes qui souhaitent en rester là, brandissant l’étendard du « halte à la guerre. » Le bloc pacifiste, mené par Mitterrand, l’emporte et l’Occident repart, les pacifistes ont mis fin à la guerre… Et laissé place à la boucherie. Car, sitôt les « alliés » partis, le champ est libre pour la famille Hussein de massacrer impitoyablement Kurdes au nord, résistants au sud. Le pacifisme aura ici été complice indiscutable de l’un des plus grands carnages de la fin du 20eme siècle.
Le pacifisme se présente donc comme un idéal, mais cet idéal sert de bouclier de lâcheté, les « idéalistes » s’en servent pour se voiler le visage, pour ne pas voir les massacres qui risquent de se produire si leurs armées n’interviennent pas dans le monde. L’idée de départ était donc bonne, mais l’idéologie, victime de son succès, est aujourd’hui victime de l’immaturité de militants incultes de la vérité.
Il est effectivement facile, lorsque l’on est en occident, bien nourri, bien, dans un pays en paix, dans un pays où l’abondance est devenue coutumière, dans un pays démocratique, de brandir l’étendard du « peace and love » pour « protéger » le peuple irakien. Ledit peuple irakien torturé depuis des décennies par le parti Bas qui, à notre humble avis, ne souhaitais que se débarrasser de son dictateur.
Et il est facile également de dire que le guerre est un moyen facile pour résoudre des problèmes. Certes il est facile, mais il est parfois l’unique. Dix ans de pleutre blocus sur l’Irak n’ont jamais fait partir Hussein. Quel autre moyen avait à nous proposer la masse bêlante de pacifistes qui beuglait dans les rues ? Qu’avaient à nous proposer les Français qui ont successivement : Nourrit le régime irakien bassiste de sa création jusqu’à 1991 et, en 19991, empêché sa chute en alliant l’opinion publique contre les Américains ? Est-ce qu’un pacifiste peut aller dire à un Kurde, en le regardant dans les yeux, « je suis contre la guerre en Irak » ? Celui qui osera est soi fou, soi lui-même dictateur dans l’âme.
Dans quelle mesure le pacifisme a-t-il encore de l’avenir ? C’est une question qu’il convient de se poser. L’idéologie pacifiste a été abandonnée aux pleutres qui préfèrent déserter le champs de bataille, se moquant éperdument du fait que le responsable d’un crime est autant celui qui le commet que celui qui ne l’empêche pas. Il est cependant hors de question d’abandonner le pacifisme car le risque serait alors grand de connaître la dérive inverse, celle conduisant à l’ultra militarisme voire au nationalisme, les deux allant souvent de paire.
Avant tout, il faut considérer un point essentiel : les démocraties ne se font que très rarement la guerre entre elles, voire pas du tout. C’est un fait historique et indéniable. Le pouvoir est entre les mains du peuple, peuple qui n’a guère envie de faire la guerre avec le peuple voisin… Tout aussi répugnant le considère-t-il. En revanche, les guerres démocraties versus dictatures ou dictatures versus dictatures sont fréquentes et habillent l’histoire. Il semble indéniablement que la présence d’une dictature dans un conflit n’aboutisse qu’à une guerre.
Donc, l’on arrive facilement à la conclusion, un peu simpliste mais réaliste, que des peuples en démocratie, entre eux, peuvent être pacifistes. Qu’interviennent une dictature, et le pacifisme ne conduit qu’au bellicisme. Tout simplement car un dictateur avide de pouvoirs ne sera jamais disposé à faire le moindre compromis. L’usage de la force est plus facile, plus simple et plus expéditif. Ainsi, la France et l’Allemagne sont, entre eux, pacifistes mais il serait illusoire déclarer que la France est pacifiste avec l’Irak (baassiste, s’entend) car cette dernière ne le sera pas envers la France (il n’y a qu’un illuminé irresponsable et immature pour penser le contraire.)
En revanche le pacifisme peut difficilement être défendu lorsqu’il s’agit de faire chuter une dictature… Sauf si l’on est ignare de la situation et purement et simplement favorable aux dictateurs…
Cela dit, ne nous leurrons pas quant à l’attitude qu’il fallait avoir au sujet de la guerre ne Irak (la seconde.)
Saddam Hussein devait-il être renversé ? Evidemment ! Les Français, qui avaient sauvé (au sens propre du terme) ce dictateur en 1991, lui permettant ainsi de commettre les crimes que nous savons, avaient-ils leur mot à dire ? Pas le moins du monde, tout au plus auraient-ils eu le droit moral de montrer des réserves sur ce point.
Cependant, le régime irakien devait-il être renversé maintenant et par l’alliance anglo-américaine ? Cela est plus discutable. Il est évident que ce n’est pas l’idéologie démocratique qui conduisit les Américains en Irak. Et il est évident que cette guerre ne fut pas un succès. Le Baas est mort mais a laissé la place à peut-être bien pire.
Mais cela, seule l’avenir nous le dira.
Adressons-nous avant tout à celui qui était partisan de la guerre en Irak : Nous te demandons, ami, de bien vouloir reconsidérer ta position et te demander si remplacer Hussein par George W. Bush était une bonne chose pour les Irakiens (Nous te renvoyons au Zaïre où les Américains mirent en place Mobutu, sauvant le pays du Bolchevisme... L’ont-ils vraiment sauvé ?) et de réfléchir au poids d’une bombe qui s’écrase sur le palier de ta porte.
A toi qui étais contre la guerre en Irak, qui t’insurge contre les « colateral dammages, » rappelle-toi que si, sous ce même principe, les Américains n’étaient pas venu bombarder les villes françaises, nous serions nazis à l’heure qu’il est, Hitler aurait eu la bombe atomique et l’Afrique ne serait qu’un immense cimetière. Nous te demandons maintenant de bien vouloir mettre les deux mains sur la table pendant que tu manges ton saucisson et que tu regardes le discours d’Arlette Laguiller et de te souvenir qu’il existe des pays, que ton pacifisme protège, où il est interdit de faire ce que tu es en train de faire. Rappelle-toi, pour finir, que jamais la démocratie ne s’est créé autrement que dans le sang.
Pour conclure, nous dirons que le pacifisme accompagne les démocraties mais que, souvent, il est un obstacle à celles-ci. Prions pour le peuple irakien qui, il y a plus de dix ans, auraient pût être libéré mais ne le fut pas… Et en paye le prix aujourd’hui pendant que nous, occidentaux, débattons sur la démocratie dans nos vêtements Made in China.
à 23:42