Le médecin qui déconseille d'arrêter de fumer en ce moment.
Elle l'appelle presque en pleurs. Elle se sent dépressives. Trois mois qu'elle ne tente que cela. Devenir saine. Devenir sainte? Elle veut arrêter de fumer. Cigarettes comme pétards. Moins boire aussi. Mais elle se sent mal, si mal... Elle n'y arrive pas. Tout s'emmêle. Elle sent que tout empire. Elle va mal. Peut-être est-ce plus profond. Elle décide d'appeller son édecin de famille, son confident. Un peu un membre de sa famille. Un proche sans l'être trop. Un médecin de famille. Ce médiateur qu'il a toujours été pour elle. Moi aussi j'aime beaucoup ce qu'est ce médecin. Normal, nous sommes nous aussi un peu de la même famille...
_ Je n'arrive pas à arrêter de fumer, dit-elle. Mon médecin ici m'a proposé le Ziban, mais j'ai un peu peur...
_ Ne le prend pas, répond-il. Ne le prend pas.
Il lui explique que pour lui elle a une propention à la bipolarité, cette varainte de dépression si j'ai bien compris que l'on retrouve chez les maniaco-dépressifs. Le Ziban ne marche pas avec des gens qui alternent de courtes périodes d'euphorie (phase maniaque) et de courtes périodes de profonde désillusion (phase dépressive).
_ Alors je fais quoi? demande-t-elle.
Il soupire et il lui explique : "En ce moment je vois par jour nombre de personnes qui se pressent me voir car ils me disent leur culpabilité lié à leur état de fumeur, un peu comme toi depuis trois ans. Mais là cela semble être devenu la dernière mode :arrêter de fumer. Tout le monde se compare à celui qui y a réussi et se sent faible, vulnérable, mauvais, pour la simple et bonne raison qu'ils fument et ne l'assument plus... Arrêter est si dur que cela met leur santé mentale en danger".
Je brode évidemment pour essayer de reconstituer ses paroles. Mais plus maintenant :
_ Alors je fais quoi? demande-t-elle
_ Arrête d'arrêter de fumer. Tu verras, ça ira mieux.
_ Et pour le canabis?
_ Ses risques sont bien moins grands... Si ça te permet de te sentir bien, d'obtenir une rémission, alors continue. Ce sera toujjours mieux pour ta santé que des antidépresseur. Et en attendant ça te permet de créer.
Mon médecin de famille écoute-t-il Axel Bauer? Je l'ignore, en tout cas il termine cet entretient téléphonique par cette déclaration : "Tu sais, personne n'est parfait... Tout ce dont tu me parles, ce ne sont que de petits travers, de petits défauts. Il n'y a pas urgence à changer ton mode de vie. Tu es finalement assez heureuse comme cela... Finalement c'est le bonheur qui compte, bien plus que la santé..."
A méditer toute la nuit.
Je en sais pas pourquoi, mais lorsqu'elle m'a raconté cela, j'ai passé ensuite au moins une heure à rigoler... Et si j'arrêtais d'arrêter?
à 18:13