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mise en page par Génie

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Des entonnoirs et des hommes. L’esprit Jean-Paul Rubbermaid.

Du liquide lave-glace résistant aux basses températures. Voilà ce que j’ai acheté. Un achat non inutile puisqu’il devrait me permettre de voir à travers mon pare-brise. J’ai aussi acheté un bel entonnoir bleu-gris, afin de verser le liquide dans le réservoir prévu à cet effet. Mon entonnoir est très beau, j’ai pris le plus cher. Peut-être bien que j’ai envi d’avoir des marques moi aussi. J’ai pris du Rubbermaid. Quant à acheter un entonnoir, autant en prendre un qui dure, et qui ai de la gueule. Chez Rubbermaid les designers sont des créateurs. Un peu comme dans la haute couture, ou les bureau de style en chaussures de sport. Rubbermaid sait saisir les tendances de notre époque pour créer des entonnoirs dignes de ce nom, qui soient à la fois des objets originaux et capables de nous apporter pleine satisfaction, à nous les hommes et les femmes qui les utilisons.

 

Jean-Paul Rubbermaid s’appelait Jean-Paul. Comme Jean-Paul Gaultier. Il n’y a pas de petit hasard en ce monde. En 1896, ce proche de Coco Chanel décida de faire de l’entonnoir un accessoire de mode au même titre que le sac à main ou la pince à escargot. Né de l’accouplement d’un peintre aujourd’hui oublié mais alors célèbre, et d’une laitière passée à la postérité (les yaourts c’est elle !), Jean-Paul Rubbermaid lorsqu’il s’ennuyait en classe dessinait des entonnoirs de toutes les couleurs. Des jaunes, des verts, des bleus et des gris, tous extrêmement gracieux comme sa mère.

Afin de démocratiser l’entonnoir, Jean-Paul Rubbermaid, les produisit à la chaîne, mais tout en ayant le souci de la qualité. Il les vendit à bas pris à ses ouvriers, créant ainsi une demande, et inventant par la même occasion le fordisme bien avant Henry Ford. « Lorsqu’une ménagère achète un entonnoir, disait-il, elle doit le faire avec plaisir, et tout en sachant qu’il l’accompagnera toute sa vie ». A une époque où les hommes partaient à la Grande Guerre, Jean-Paul Rubbermaid fit fureur avec ses entonnoirs effilés et à gros tube, les maris les offraient à leur femme avant de partir afin que celles-ci ne les oublient point. Les fleurs, tous comme les parfums, en furent même un temps démodés de ce fait. Une chanson, chantée alors par un interprète à succès, symbolise cette réussite de Jean-Paul Rubbermaid. Il s’agit de « Je vous ai apporté un entonnoir (car les fleurs c’est périssable) », numéro un des vente de CD en 1914, 1915, 1916, et très très gros carton dans les tranchées. L’air fut tellement populaire que Jacques Brel, associé aux bonbons Etienne Jacques Quality-Street, adapta les paroles plus tard, mais avec toutefois un moindre succès. Au Etats-Unis, « I had bring you an entonnoir » fut également un immense succès, il focalisa l’opinion publique sur ces femmes françaises laissées seules avec leur entonnoir, cela fit pleurer de nombreuses petites maisons dans les prairies, décidant ainsi le gouvernement américain à s’engager aux côtés de la France afin de consoler son peuple. Après 1918 cela ouvrit le marché nord américain à la compagnie de Rubbermaid où ses entonnoirs partirent comme des petits pains, faisant ainsi beaucoup pour l’image de luxe et de classe de la France. Beaucoup plus tard ce fut avec leur entonnoir à la main que les mères et les veuves de soldats américains tombés au Viet-Nam réclamèrent le retrait de ce pays de fou où leurs enfant et époux se faisaient tué puis manger avec des baguette en bois (ce qui est nettement moins sympa qu’à la fourchette en inox).

Mais retournons en France. En 1919 Jean-Paul Rubbermaid reçu les honneurs de l patrie reconnaissante des mains de Clemenceau. Appelé à se présenter à la présidence, il fut battu et partit à l’île de Ré. En 1936 il fut rappelé par le Front Populaire, et offrant l’entonnoir à tous mis fin aux grandes grèves. Les congés payés ne furent appréciés que bien plus tard, lorsqu’ils permirent à tous de jouir deux semaines par an de son entonnoir sans être pris par les contraintes du travail. Mais cette belle histoire de l’entonnoir Rubbermaid se termine par la faute d’un homme : Debré. L’utilisant comme couvre chef, celui-ci lance tout d’abord une mode. Mais lorsque tout le monde se rend compte que sous l’entonnoir se cache le Q.I. d’une huître, l’entonnoir devient rapidement le symbole de la bêtise. Aujourd’hui encore cette réputation perdure en France, et on sait tous à cause de qui ! Depuis, Karl Rubbermaid n’a de cesse de vouloir réhabiliter l’invention de son père. Un téléfilm en deux parties devrait d’ailleurs prochainement lui être consacré sur TF1.

 

Et ce ne serait que légitime. Car de l’autre côté de l’Atlantique l’entonnoir fait fureur à la Nouvelle Orléans, utilisé comme instrument de musique, il est l’objet qui donna naissance aux jazz, de nombreux jazzman connurent le succès grâce à lui et purent ainsi s’acheter une trompette.

 

En allant mettre mon liquide lave-glace dans ma voiture je me rappelais de cette magnifique histoire. Mon entonnoir étant neuf, ainsi me mis-je à souffler dans celui-ci et à jouer l’air du « Temps des cerises ». Quel ne fut pas ma surprise lorsque l’ascenseur s’arrêta au premier étage de l’immeuble et que je me retrouva nez à nez avec une jeune fille fort belle et qui me fixa avec un air halluciné. Devant mon air de grand enfant gêné, elle éclata de rire et moi avec. Alors commence une longue discussion dans l’ascenseur entre premier étage et le rez-de-chaussée.

_ En sortant de chez moi je me suis demandé quel était ce bruit qui veniat de l’ascenseur, j’ai même cru qu’il était en panne, dit-elle comme pour dire quelque chose.

_ Non non, il marche bien , dis-je.

_ C’est un très bel instrument !

_ Vous trouvez aussi ?

_ Oui. Il est neuf ?

_ Oui.

_ Vous l’avez trouvé où ?

_ A carrefour… Un euro cinquante…

_ C’est raisonnable.

_ C’est ce que je me suis dit aussi en le voyant !

_ En tout cas vous en jouez rudement bien !!!

_ Et encore je ne fais que commencer…

_ Ah oui ?

_ Oui, c’est le premier jour que j’en joue !

_ Vous vous débrouillez rudement bien en tout cas… Vous avez le sens du rythme et de la musicalité.

_ On peut se tutoyer ?

_ Avec plaisir !!!

_ Alors tient, cadeau, je te l’offre…

_ Oh merci, j’en ai toujours rêvé !!!

 

Voilà, pas plus compliqué que cela de rendre les gens heureux. Leur jouer un peu de musique, et avoir l’esprit Jean-Paul Rubbermaid. Savoir offrir.

 

 

Ecrit par Wandess, le Jeudi 20 Novembre 2003, 12:49 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".


Commentaires :

  Alycia
20-11-03
à 21:04

Mon père ce héros!!!

Tu vois Wandess, c'est avec un texte comme celui-ci qu'on voit apparaître le grand historien que tu aurais pu être si tu ne t'étais pas lancé à coprs et âme dans l'éduaction de la jeunesse de ce pays. Continue de mener  de front les deux, grâce à toi justice est enfin rendu à ce grand homme que fut mon père, ce père que j'ai si peu connu.

  Wandess
21-11-03
à 14:00

Re: Mon père ce héros!!!

Cher Alycia,

J'espère que justice est enfin rendu à ton père par mon intermédiaire.

Je te remercie du caractère louangieux de ton commentaire. Tu as raison de osuligner que je pourrai être un très grand historien, au moins autant que Frédéric Mitterrand.

A bientôt ma chère, et bonne continuation pour ton journal!!!