Une langueur s’empare de mon corps.
Un calme absolu s’installe entre moi et le monde.
J’attends avec le silence, l’entrée lente dans la nuit, dans le repos…
J’espère le retour de ce rêve étrange et pénétrant…
" Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues."
Mon rêve familier, raconté par un autre… Raconté par Verlaine…
Rêve que je ne cesse de vouloir retrouver la nuit, qu’à défaut je retourne lire lorsque mon réveil me laisse dans la peine.
Je me réveille, déjà je la regrette, déjà je maudis cette journée qui commence, déjà je veux retourner dans ses bras si irréel et si parfaits…
Un voile plane encore, entre moi, le monde et mes yeux qui se gonflent.
Oh ! Comme j’aimerai refermer les volets, ne rien commencer, ne rien faire, ne rien penser.
Rester avec elle.
Simplement avec elle…
Avec mon rêve.