Je le regarde. Vite j’invente un prénom. J’explique que je suis venu voir Loïc. Sauf erreur, il n’y a pas de Loïc dans l’immeuble. Ou alors il a oublié de l’écrire sur sa boîte aux lettres. Le clone de Florent Pagny a l’air embêté pour moi. J’ai envi de lui dire que je suis moi aussi très embêté pour ses problèmes avec les impôt, le fisc tout ça. Ils m’ont l’air de pas fumer que le poisson ces deux là. Je me dis que c’est l’occasion de pousser mon avantage. Ca fait longtemps que j’ai pas écouté du reggae, ni discuté avec des lecteur de Charlie Hebdo. Et je suis sûr que le copain à Florent il en est des lecteurs de Charlie.
_ Ouais, dis-je en forçant le côté cool à la Doc Gyneco, ça fait chier ! Je suis trop en galère là…
_ Anh anh… Tu cherches pas à fumer par hasard ?
Il me sourit Florent. Il a un très beau sourire Florent, il a l’air content. Je préfère plutôt les sourires de femmes lorsqu’elle m’en adresse, mais bon le sourire de tout être humain est bon à prendre quand on n’en voit pas tous les jours. Surtout des comme ça.
_ Ouais j’étais venu pour pécho, dis-je en me demandant comme ça s’écrit. Mais là je crois que le plan est grillé…
_Iil est comment ce mec ?
_ J’en sais rien, je l’ai jamais vu. C’est le plan que m’a filé un pote, mais j’arrive pas à le joindre sur son mobile…
_ Monte on va te dépanner !
_ Vous êtes sûr ? Ca dérange pas ?
Il me montre ses dents. Sûr que ça dérange pas « man ! ».
On monte les étages à pattes, c’est bon, ça fait faire un peu de sport. Je me demande ce qu’il m’a pris d’inventer des trucs pareils. Mais je suis content de moi. La fin de soirée s’annonce plutôt bien. J’ai trouvé un bon plan.
Florent s’appelle Eric, mais on l’appelle Ricky, et ça m’arrange car j’ai déjà un Eric pour mon journal. L’autre, a un prénom aussi, mais pour ne pas trop chargé la barque du côté respect de l’anonymat, on va l’appeler Charlie. Charlie et Ricky vivent ensemble, dans un appart plus petit que celui que j’avais lorsque j’étais en colocation, mais dans un bon esprit aussi. Il y a le Che accroché au dessus du canapé. Je me sens un peu comme chez moi avant. Une affiche noir et blanc près de la télé. Bob tire sur un gros dard. Pas de doute, mon enquête se précise, et bien. Je suis là où j’aurai voulu passer ma soirée si on m’avait demandé.
Rick, Charlie et moi on sympathise vite. Je me retrouve avec trente euros de « pure herbe ». Ca me fera un cadeau pour un pote me dis-je. Le deal est vite réglé. On fait tourner des dards. J’aime bien les négociations dans les entreprises privées, on boit bien en général pour fêter un contrat. Enfin à ce que j’en ai vu à un certaine époque où je jouais à observer des patrons (dans une précédente enquête il y a bien cinq ans). Mais j’avoue préférer l’instant qui arrive lorsqu’on tombe sur un bon vendeur d’herbe, après on oublie le négoce, on parle. On dit que ce scud est nickel chrome. Comme on a fumé on se demande si Nicolas va venir avec ses gendarmes. On fait « Alalala !!! », et on dit qu’il faudrait légaliser. Voilà je me suis fait deux potes. L’un doit aller bosser. Ricky. Il va se pieuter. On échange nos téléphones numbers.
Je rentre content de moi. Je suis allé jusqu’au bout de mon enquête. Maintenant je sais en partie ce qu’il y a derrière les murs de la « résidence jeunesse ». Au fond de ma poche j’ai trente euros d’herbe. Je me demande ce que je vais en faire. Je vais essayer de les refourger à ma soeur pour vingt-cinq euros. Je pense que qu’à l’heure où j’écris c’est à peu près ce qu’il doit en rester vingt-cinq euros…
à 15:02