Je me suis pas mal demandé quel plaisir j’avais à aller voir des films que personnes ne va voir. En effet, impossible ensuite d’en parler au self avec les camardes, ou à la machine à café avec les collègues. Dans l’idée d’aller voir un petit film, je crois que ce qui m’enthousiasme c’est d’y aller seul, de trouver le plus souvent une salle vide, mais d’avoir malgré tout en face de moi un travail de qualité, un joli petit film, sans le sous le plus souvent, avec des acteurs moins connus que les autres, mais qu’on retrouvera souvent plus tard dans de plus gros films. Les petits films, comme les petites salles de cinéma ont un aspect convivial. Les gros films et les grandes salles sont anonymes, on est du bétail, le film est un produit.
Lorsque j’étais au collège, j’allais voir les mêmes films que tout le monde. D’une part c’est plus facile, on a pas à se fatigué pour aller au spectacle. D’autre part, ainsi je pouvais me sentir comme tout le monde. Aujourd’hui, et depuis pas mal d’années maintenant, je cherche les films à voir qui sont plus rares. Peut-être parce que dans ce monde où sans cesse nos différences sont montrés comme communes, banales, où on cherche à nous montrer que nous sommes comme tous le monde, que notre originalité est passé à la moulinette des statistiques, je veux marquer ma différence. Et d’ailleurs je ne la marque pas, mes goûts font que je le suis.
Aller voir un petit film a en outre un autre aspect qui me plait. Lorsque j’y vais accompagné, je ne partagerai ce film qu’avec cette personne très probablement. Nous ne seront en France qu’une poignée à l’avoir vu, il ne passera sans doute jamais à la télé sur une grosse chaîne et à une heure de grande écoute. Si bien que ce film restera à nous, nous pourrons en parler seul, entre amis, entre complices. On ne peut pas se reconnaître avec des films comme Taxi, et ces choses là. En discuter est tout aussi impossible tant il n’y a rien à en dire comme pour tant d’autres films.
Mais il est de bonnes surprises, je me souviens lorsque j’étais allé voir The Big One de Michael Moore, la salle était certes petite, mais comble. Avec les petits films, il arrive ainsi qu’il se passe quelque chose, il y a un truc qui se produit, une alchimie entre la salle, le film, le spectateur. Voilà de la même manière pourquoi j’aime les séance en semaines, aussi celles de l’après-midi, et apprécie beaucoup moins celles du vendredi soir et du samedi soir. Oui, c’est vrai, j’ai une envie de ne pas faire comme tout le monde, ne pas être au même endroit que la foule, partager ses habitudes. La foule est si rarement sentimentale lorsqu’on la retrouve dans une salle gigantesque de cinéma.
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à 14:59