Jessica a deux années de moins que moi. Même plusieurs années après, cela n’a pas changé. La première fois que je l’ai vu, j’étais en Terminale, c’est dire comme ça date. En y repensant, j’ai le sentiment que j’étais alors un mec extrêmement jeune, passionné par tout, et très facilement prêt à rêver. Je dévorais déjà quantité de livre, et commençais doucement à écrire depuis deux années. J’avais déjà un esprit très critique, et une vision assez désabusée du monde, vision que depuis je n’ai eu de cesse de tenter de corriger sans toujours y arriver… En revoyant cette image, la mienne, je me dis que je n’ai pas tant changer que cela, je n’ai pas fait de retournement spectaculaire de veste, j’ai juste vécu beaucoup plus de truc depuis, ce qui est je crois tout à fait dans l’ordre des choses. J’ai appris à me modérer me semble-t-il, à être moins excessif dans mes idées, mes bonheurs et mes malheurs, je suis moins fataliste. Plus posé.
A l’occasion d’une sortie à Aquaboulevard organisée par le club où je faisais alors de la natation, une amie, Anne Marie, avait proposé de venir à une de ses copines, une fille qui était dans sa classe, Jessica. Au club de natation, nous formions une sacrée équipe, pas particulièrement lors des compétitions, ni dans les lignes d’eau, où on nous voyait rarement faire des chronos. Tout cela était déjà loin derrière nous, nous avions brillé dans un passé proche, mais les hormones avaient finis par avoir raison de nous, la piscine était davantage devenu un lieu de rendez-vous avant d’aller ensuite passer nos soirées à droite à gauche, chez les uns et les autres. Comme dans toute commune assez bourgeoise, il y avait des bourgeois encore plus bourgeois que les autres, dont Raphaël, alors un de mes meilleurs amis, dont le spécificité était d’avoir, dans le quartiers le plus chic de la commune, au bord de la forêt domaniale, au fond de la propriété de ses parents, sa propre petite maison, lieu favoris de toutes nos débauches. En général, après la piscine, c’est là que nous allions vider bouteilles de whisky et rhum, sans toutefois nous limiter à ces seuls breuvages. Nous étions donc une joyeuse équipe d’une dizaine de personnes, garçons et filles mélangés, pour qui la piscine municipale était devenue après dix ans de pratique une sorte de Club Med de proximité. Afin de ne pas allonger inutilement ce texte, je passerai donc sur ce qui se passait parfois dans les vestiaires, ou sous les douches, nous étions jeunes et ne faisions finalement rien de mal, nous découvrions la vie, l’amour… Bref, ce fut plutôt des années folles, de bons souvenirs dont il nous arrive parfois de parler, déjà, avec nostalgie, on en rigole toujours. L’air de rien, deux couples sont nés de tout cela, et qui tiennent encore.
La première fois que je vis Jessica fut donc en allant à Aquaboulvard, sortie annuelle organisée par le club. Je me souviens encore très bien de l’effet qu’elle fit sur moi. Nous attendions dans un escalier pour accéder à un toboggan. Elle était à quelques mètres devant moi, juste un peu plus haute sur une autre marche. Quand son ventre bougeait avec sa respiration je ne manquais rien. Jessica, ce qui m’a plu chez elle dès le début, ce fut son ventre, sa poitrine, ses fesses, et sa frimousse sous ses cheveux blonds joliment coupé au carré. Désolé, ce ne fut nullement son intellect, il nous fallut beaucoup de temps pour apprendre à nous parler. Ce qui marqua cette première rencontre, on m’excusera, ce fut ce triangle en haut de ses cuisses, ce triangle juste sous mes yeux. Elle, elle le dira plus tard, ce qui lui plu chez moi, ce soir là, ce fut mes yeux. Mes yeux et mon regard.
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à 18:49